Châtellerault, une ville située dans la Vienne, en région Nouvelle-Aquitaine, avait pour ambition de devenir une référence en matière d'énergies renouvelables. Pourtant, le projet d'installer des hydroliennes dans la rivière locale a connu un échec cuisant. Dans cet article, nous reviendrons sur les raisons de ce fiasco et les enseignements que l'on peut tirer de cette expérience.
Forte d'une position stratégique sur les bords de la rivière Vienne, la ville de Châtellerault a vu naître au cours des dernières années plusieurs initiatives visant à valoriser cette situation géographique exceptionnelle. Parmi ces projets se trouvait l'installation d'hydroliennes sur la surface de la rivière, afin de produire de l'énergie verte et locale. Le concept avait été largement soutenu aussi bien par les acteurs locaux que par les instances nationales et européennes.
Les hydroliennes sont des dispositifs qui permettent de convertir l'énergie cinétique de l'eau en mouvement en énergie électrique. Elles fonctionnent sur le même principe que les éoliennes, mais avec des pales adaptées pour être immergées sous l'eau. L'avantage principal des hydroliennes est qu'elles peuvent être installées dans des zones où les courants marins ou fluviaux sont particulièrement forts, et ainsi bénéficier d'une source d'énergie renouvelable pour alimenter les foyers locaux.
Dès 2015, la ville de Châtellerault a commencé à étudier la faisabilité de l'installation d'hydroliennes afin de tirer parti des courants de la rivière Vienne. Plusieurs sites avaient été identifiés pour héberger ces dispositifs, notamment le pont ferroviaire qui enjambe la rivière au niveau du chemin de fer reliant Tours à Bordeaux.
L'étude de faisabilité menée avait conclu que la production annuelle d'électricité pouvait atteindre jusqu'à 1,4 GWh, soit une part significative des besoins énergétiques de la commune. Le projet avait donc été officiellement lancé en 2016, avec un budget prévisionnel de près de 5 millions d'euros, financé en partie par la Région Nouvelle-Aquitaine et l'Union européenne.
Si le projet de Châtellerault était novateur à l'échelle nationale, la technologie des hydroliennes est encore relativement récente comparée aux autres sources d'énergies renouvelables, telles que l'éolien ou le solaire. De ce fait, les défis techniques et logistiques liés à l'installation et à la maintenance de ces dispositifs étaient nombreux et demandaient une grande expertise en la matière.
Malheureusement, les hydroliennes à Châtellerault n'ont pas connu le succès escompté. La production d'énergie était bien en deçà des prévisions initiales, limitant considérablement l'intérêt économique de ces équipements pour la commune. De plus, plusieurs problèmes techniques sont venus s’ajouter aux difficultés initiales
.L'un des principaux défis rencontrés par les acteurs du projet a été la fragilité des pales des hydroliennes. Celles-ci ont en effet subi de nombreux chocs et dégradations, notamment à cause des débris et objets flottants charriés par le courant de la rivière. En conséquence, les pales devaient être remplacées régulièrement, ce qui engendrait des coûts supplémentaires et impactait la production d'électricité.
Outre les problèmes liés aux pales, la maintenance générale des hydroliennes s'est également révélée difficile et onéreuse. Les opérations de contrôle et de réparation nécessitaient des interventions sous-marines spécifiques, ainsi que la mobilisation d'équipes techniques formées à cette technologie encore peu répandue.
Face à ces déconvenues, et malgré l'investissement financier important consenti par les différents acteurs, la décision de mettre un terme au projet d'hydroliennes à Châtellerault a été prise en 2018, soit à peine deux ans après son lancement officiel.
L'échec du projet châtelleraudais ne signifie pas forcément la fin des hydroliennes en France. D'autres expérimentations sont en cours sur le territoire, notamment dans des zones côtières où les courants marins peuvent être plus puissants et réguliers. La technologie continue également d'évoluer, avec des prototypes de plus en plus résistants et performants.
Néanmoins, il est essentiel de tirer les enseignements nécessaires de l'expérience châtelleraudaise afin de ne pas reproduire les mêmes erreurs. Les enjeux liés au changement climatique et à la transition énergétique imposent de continuer à explorer les différentes pistes d'énergies renouvelables disponibles, et les hydroliennes pourraient constituer une solution pertinente dans certains contextes spécifiques.